Par MF
Elles s’appellent Kadi, Léa, Binta,…
Chaque mois, elles sont obligées de garder le lit, de s’absenter de l’école, de l’université et du travail. Nausées, crampes abdominales, dorsales, migraines ou encore douleur aux seins les confinent à la maison deux à cinq jours. Une période de souffrance indescriptible qui a pour nom : règles douloureuses.
« La période des menstrues est une angoisse pour moi. Je la redoute vraiment. Je ne peux pas expliquer la douleur ressentie, donc j’apprends à vivre avec en silence parce que ni ma mère, ni mes sœurs ne croient pas que je puisse avoir mal. Elles me disent que c’est juste dans ta tête », confie Léa, étudiante en Master de Droit privé.
Une souffrance sous-estimée et moquée dont elle n’a pas le monopole. Kiné trouve toujours des prétextes pour s’absenter quelques jours du travail. « Si ce ne sont pas mes enfants qui sont malades, c’est ma mère que je dois accompagner à son rendez-vous médical. Cela n’a aucun sens parce que ni mes collègues, ni mon patron ne peuvent comprendre que les règles puissent être aussi douloureuses voire handicapantes. J’évite ainsi leurs commentaires comme « encore » ou « c’est bizarre, ça n’arrive qu’à toi ». Pourtant, « j’ai pratiquement tout essayé, mais la médication disponible ne me soulage plus depuis bien longtemps. »
Dans une société où on apprend aux jeunes filles, dès leur plus âge, à cacher les règles parce que taboues, cette souffrance silencieuse impacte leur vie quotidienne. La méconnaissance des douleurs menstruelles empêche leur prise en charge adéquate. La santé des femmes surtout gynécologique reste encore un angle mort des politiques de santé publique au Sénégal.