Par MF
Depuis le 15 novembre 2022, le cap des 8 milliards d’habitants a été franchi sur la planète. Une première dans l’histoire démographique de l’humanité. Mais, la population féminine diminue, selon le rapport annuel du Fonds des Nations Unies pour la population (Fnuap). Une tendance inquiétante due à des raisons socioculturelles et économiques.
« La préférence pour les fils par rapport aux filles peut être si prononcée que les couples feront de grands efforts pour éviter de donner naissance à une fille ou ne prendront pas soin de la santé et du bien-être d’une fille qu’ils ont déjà en faveur de leur fils », relève le rapport.
Les données fournies indiquent que sur 1000 personnes, 496 sont des femmes, soit 49,6% contre 504 hommes, soit 50,4%. Aussi, naît-il un peu moins de filles que de garçons. Cette masculinisation de la population est surtout constatée dans les pays d’Asie où la proportion de garçons a commencé à croître parmi les nouveau-nés, au début des années 1980, au rythme des progrès de la science et des méthodes d’analyse prénatale.
En Inde et en Chine, deux pays qui concentrent plus du tiers de la population mondiale, soit 2,76 milliards d’habitants, cette préférence masculine provoque un déséquilibre plus inquiétant. Il y est recensé près de 80 millions d’hommes de plus et dont plus de la moitié a moins de 20 ans. Un déficit global de femmes d’environ 160 millions qui devrait franchir le cap des 225 millions en 2025.
Déjà, en 2020, le Fnuap indiquait dans son rapport annuel que la « préférence » pour les fils, dans beaucoup de pays d’Asie, avait provoqué un déficit de près de 140 millions de femmes dans le monde. Au Vietnam, au Népal ou encore au Pakistan, le nombre de garçons dépasse celui des filles de plus de 10 %. Une même tendance est observée en Europe, principalement dans les régions caucasiennes et balkaniques. Plus de garçons que de filles y voient le jour. Sont dénombrées 110 à 117 naissances de garçons pour 100 filles, soit plus que la moyenne observée en Asie.
Les causes liées à ces déséquilibres démographiques sont multiformes. Sont avancées, les croyances coutumières, religieuses ainsi que les raisons économiques. En Inde, par exemple, éduquer sa fille revient à la marier et verser une dot à sa belle-famille, contrairement au garçon qui apportera l’aide et la sécurité nécessaire à ses parents. En Chine aussi, beaucoup de parents ont investi jusqu’en 2015 (fin de la politique de l’enfant unique) dans les tests prénataux en favorisant la naissance des garçons. Dans la tradition confucéenne, seuls ces derniers peuvent succéder aux parents et sauvegarder subséquemment le culte des ancêtres.
Le Fnuap qualifie cette préférence pour les fils de « symptôme d’une inégalité de genre enracinée » qui fausse les ratios de population et empêche un grand nombre d’hommes de trouver des partenaires et d’avoir des enfants.
Au Sénégal, la population féminine est plus nombreuse avec un taux de 50,22% que celle masculine avec un taux de 49,78%, selon les dernières publications de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd-2020). Une supériorité numérique constatée dès l’âge de 24 ans.