Par NCF
Perdre un enfant à la fleur de l’âge est une douleur indescriptible pour tout parent. Cette souffrance innommable est pire que le sol qui se dérobe sous vos pieds. Pourquoi, mon enfant ? Et, si on n’y prend pas garde, le blasphème n’est jamais loin !
Cette épreuve qui force la résilience pèse lourdement sur les épaules des mères éplorées qui, dans certaines communautés, sont obligées d’offrir des cadeaux aux neveux et nièces de leur mari. « Au troisième jour de la disparition de Latyr, ma belle-mère, m’intima, dans sa chambre, qu’un habit du défunt devait être donné à son cousin avec des chaussures, un bol, une cuillère et de l’argent. Tant qu’il ne s’agissait que de biens matériels, je me disais que c’était pour garder des souvenirs. Mais, je ne comprenais pas le don en argent », confie, inconsolable, Ngoné qui a perdu son fils aîné de 16 ans.
De peur d’être stigmatisée, elle s’est pliée à la demande de sa belle-mère. Cette pratique rappelle les « jaxal », une sorte d’aumône, qui privent certaines femmes de sommeil. Avant, le voisinage apportait à manger à la maison mortuaire. Actuellement, les funérailles, loin d’être des moments de recueillement, de prière et de consolation, sont devenues des « xaware ». La famille en deuil consigne les donatrices sur une liste bien gardée. Gare à celles qui ne multipliera pas sa mise en pareille circonstance !
La présentation des condoléances appelle un autre moment de réjouissance avec la dégustation du couscous de l’après-midi. Certains, faisant fi de la douleur de la famille, iront jusqu’à réclamer du lait pour compléter leur menu.
L’animation n’est pas en reste avec les nouveaux métiers du deuil : les récitants de versets du Coran, les prêcheurs et les marchands de « prières » funéraires.
La sacralité du deuil et ses rituels se sont envolés. Le mercantilisme les a enterrés. Et les femmes en sont les principales victimes.