Par MF
Les menstrues sont devenues un fardeau pour beaucoup d’étudiantes. Il devient de plus en plus difficile pour certaines d’acheter des serviettes hygiéniques ou des tampons chaque mois.
« je suis incapable, avec ma demie bourse, d’acheter des serviettes hygiéniques. Ça coûte vraiment cher. J’ai découpé une vieille serviette comme le faisait nos mamans pour me protéger, sans me salir. C’est absorbant, même s’il faut en changer toutes les trois heures pour ne pas incommoder mes voisines. L’odeur peut devenir insupportable surtout en période de chaleur. »
Le cas de Fama n’est pas isolé. « C’est un vrai casse-tête pour trouver des astuces et passer à travers cette période en toute discrétion. Il est courant de voir ces lingettes lavées et séchées nuitamment sur le bord des fenêtres des chambres ou sous les lits. C’est plus répandu qu’on ne le croit », confie Léna, résidente au campus social, qui a pourtant une bourse mensuelle de 40 000 Fcfa.
Beaucoup d’étudiantes ont, déjà, en temps normal, des difficultés à joindre les deux bouts. Le coût de la vie monte en flèche, mais le montant des bourses n’augmente pas. Pour Kiné, rencontrée à la sortie du restaurant de l’école polytechnique (ESP), « ce n’est pas facile de choisir entre le paiement de la chambre, les tickets de restaurant, les fournitures et les tampons. Il y a des étudiantes sans bourse, ni aide de leurs parents parce que n’ayant pas les moyens et celles qui soustraient un montant de leur maigre allocation pour l’envoyer à la famille. »
« Les serviettes hygiéniques modernes sont plus pratiques, mais parfois, on n’a pas le choix. », renchérit son amie Adja, consciente des risques d’infections liés aux solutions de rechange pour leur santé.
Pour éviter les cas de choc toxique liés aux règles à cause d’une mauvaise qualité des serviettes hygiéniques ou de leur mauvaise utilisation, la durée conseillée pour une protection est de 4 heures. Lorsqu’une protection est utilisée plus de 8 heures sans être changée, le sang menstruel s’accumule dans le vagin. Une situation propice au développement d’une toxine produite par les staphylocoques dorés, bactérie dont tout individu est porteur.
Les protections menstruelles font partie des droits fondamentaux des femmes et ne doivent nullement être un luxe. L’État du Sénégal doit prendre des initiatives, à l’image d’autres pays, pour rendre accessibles voire gratuites les serviettes hygiéniques aux jeunes femmes dans le besoin dans les écoles et les universités en les subventionnant au même titre que les tickets de restaurant ou les chambres pour lutter contre les inégalités de genre.