Pour le plaisir érotique de leur époux, des Sénégalaises ne lésinent pas sur les moyens. Elles ont plus d’ingrédients sous leur pagne pour retenir leur mari à la maison. En effet, à côté des perles de rein, des petits pagnes ou encore de l’encens, les recettes pour garder l’éternelle jeunesse connaissent un grand succès. Il en existe pour tous les goûts dans les marchés dakarois et sur les réseaux sociaux ; de la poudre aux comprimés en passant par les gels, les crèmes ou autres produits naturels détournés de leur usage.
Par YF
Dans le bruyant marché des HLM, il faut jouer des coudes pour se frayer un chemin entres les cantines et les étals. Une large gamme de produits est offerte : des tissus, des chaussures ou encore des produits cosmétiques. Au-delà de cette variété, une autre attraction gardée bien « secrète » motive les déplacements de certaines femmes. De la discrétion, il en faut pour obtenir un rendez-vous avec celles qu’on appelle communément « Mère Badio » ou « réparatrices des femmes ».
Installées dans des pièces aussi étroites que mal éclairées, ces femmes de forte corpulence, Laobés pour la plupart, aident celles qui souhaitent donner plus de plaisir érotique à leur partenaire avec des remèdes concoctés par leurs soins.
Dans un coin du marché HLM connu des habituées, les clientes rejoignent ces « magiciennes du plaisir ». Les regards des unes fuyant ceux des autres. Amina (nom d’emprunt souhaité), arrange ses longs cheveux artificiels. Elle jette furtivement des regards de part et d’autre de la pièce. « Je souhaite avoir un produit pour resserrer mon vagin. Tous les produits ici servent à ça, reste à savoir quel est ton type », confie-t-elle pudiquement. Les produits sont ensachés dans du plastique noir. « Mère Badio » les ouvre tour à tour. « Ceux-ci sont faits à base de beurre de karité, de clou de girofle et de Nep Nep », explique la « spécialiste », tout en arrangeant son foulard pendant. Son visage est balafré par une dépigmentation, sans nul doute, ratée.
Devant le regard fuyant de Amina, elle ouvre un autre sachet rempli de pots faits à base de citron, de « Thiepp » (vétiver) et de Kinkeliba. Après de longues minutes d’explication, elle enroule rapidement deux pots de suppositoires vaginales que Amina ne tarde pas à fourrer dans son gros sac, en lui tendant un billet de 5 000 F CFA. Pour retrouver sa sexualité juvénile à la suite de deux accouchements rapprochés et pour faire plaisir à son homme, elle ne lésine pas sur les moyens. « La relation que j’entretiens avec mon mari se base, dans une certaine mesure, sur sa satisfaction sexuelle ».
Amina ignore tout de la composition ou du mode de préparation de ces « remèdes miracles ». Elle ne sait rien non plus de leur formation, elle a juste suivi les conseils de son amie.
Dans cette quête de « nirvana », le bouche-à-oreille fonctionne à plein tem et mieux que tous les réseaux sociaux. Les « Mère Badio », fidèles à leur réputation, ne divulgue jamais rien, ni sur leur méthode, ni sur leur pratique. Le secret et la discrétion sont les maîtres mots.
La composition de ces produits miracles peut être dangereuse pour la santé des femmes et entraîner des maladies graves comme le cancer ou la stérilité. Pour le président des tradi-praticiens, « il n’existe pas de plante pour rétrécir le vagin. Raison pour laquelle, notre fédération ne reconnait pas ces produits ». De son côté, le gynécologue Abdoulaye Diop les qualifie de chimères inefficaces et dangereux. « La quasi-totalité des produits provoquent des mycoses vaginales ou encore des lésions favorisant l’apparition des cancers du vagin, de la vulve ou du col de l’utérus ».