Le Centre d’études, de recherches et de formation sur l’Islam (Cerfi), dirigé par le professeur Rawane Mbaye, avait initié en 2010 une formation des femmes au lavage mortuaire selon le rite musulman, pour pallier leur manque dans une profession peu attractive.
Par AMD
Le lavage mortuaire est extrêmement important pour honorer toute défunte. Ce rituel facilite le passage de la vie à la mort en purifiant la dépouille. Il répond à des exigences particulières. Chez les Musulmans, le lavage est effectué par une personne de même sexe, en dehors des époux. « Bien qu’évoluant dans le monde médical, constater le décès de ma maman était difficile. Mais le plus délicat, c’était de préparer le corps pour le faire sortir de la maison. Je ne me suis jamais occupée d’un cadavre. Mon mari sur qui je comptais ne pouvait le faire. Alors il est resté à la porte me dictant quoi faire », raconte Mme Diouf, d’une petite voix.
La prière mortuaire est parfois retardée par manque de laveuses. « Il m’est arrivé de rester à l’entrée de la morgue pour guider une fille à faire le toilettage pour sa maman », confie un iman, pour qui la formation des femmes dans ce domaine est d’une utilité publique. L’idéal serait que dans chaque famille, il y ait« au moins une personne capable d’assurer le toilettage mortuaire», sinon un proche parent et à défaut une personne «ayant suffisamment de discrétion et de probité». En effet, la prise en charge du corps doit se faire aussitôt le décès constaté.
Les étapes du toilettage mortuaire
Le lavage se fait avec respect, attention et discrétion. Tout le matériel nécessaire doit être à portée de main. La personne dévolue à cette tâche doit : exprimer l’intention avant de laver le corps en entier, placé en hauteur et orienté vers la Mecque. Un tissu assez épais comme une serviette ou un linge opaque doit couvrir de la poitrine aux genoux de la défunte. Il est formellement interdit de voir ou de sentir les parties intimes de la dépouille. D’ailleurs des gants assez épais sont portés pour les laver avec la main gauche.
Tout rajout, comme les mèches, greffages ou autres, doit être enlevé de même que le maquillage et le vernis à ongles. Il est recommandé de faire trois tresses à la défunte allant du front à la nuque sans rien couper de ses cheveux, ni de ses ongles.
La petite ablution commence par les membres du côté droit, suivi du nettoyage de la bouche, des narines, des oreilles, du lavage de la tête. Le ventre est débarrassé des impuretés grâce à de légères pressions.
Le premier lavage est fait à l’eau simple et avec du savon. Le deuxième peut se donner avec des feuilles de jujube pilées pour conserver le corps au froid. Pour éloigner les vers de terre et retarder la décomposition du corps, un troisième bain, avec du camphre ou du «gowé» écrasé, est également prévu. Le nombre de lavages est à l’appréciation de la professionnelle : de trois, sept ou plus. L’essentiel est que le nombre soit impair comme celui de l’encensement et le corps propre.
Une fois le corps parfaitement lavé et séché, il est enroulé dans du linceul de cinq pièces. Certaines parties du corps doivent êtres parfumées, d’autres bouchées par du coton couvrant aussi les parties intimes comme si on faisait des couches pour bébé. Pour finir, il faut nouer les bouts qui seront détachés au moment de porter la défunte sous terre.