Par D S
Certaines personnes ne sont vraiment connues que post-mortem. C’est le cas de Mme Joséphine Diallo. Elle a vécu les moments cruciaux qui ont marqué la démocratisation de l’institution parlementaire. Servant toutes les législatures depuis l’entrée symbolique de l’opposition dans l’hémicycle, madame Diallo a été un élément essentiel dans le dispositif du parlement sénégalais, mais sans jamais y paraitre.
Joséphine Diallo, Secrétaire générale de l’Assemblée nationale, a tiré sa révérence. La nouvelle a fait le tour des médias le 18 mai 2022 avec sa photo à la Une de presque tous les journaux et sites internet. Une question taraudait cependant une grande partie du public : Qui était cette dame ? Elle était depuis plus de deux décennies l’âme du Parlement sénégalais. Celle-là qui tient les piliers de l’institution sans jamais y paraitre. Tellement effacée, seuls les habitués de l’hémicycle pouvaient la remarquer assise aux côtés du président de l’Assemblée qu’importe sa couleur politique.
En effet, Joséphine Diallo ne s’est fait distinguer de son vivant que par sa discrétion. « Les Sénégalais avaient pris l’habitude de confondre son image avec celle de l’Institution, notamment lors des séances plénières marathons, pendant lesquelles elle assistait le Président de l’Assemblée nationale, avec discrétion et un savoir-faire à toute épreuve », a écrit le président de l’Assemblée Moustapha Niasse dans un communiqué publié au lendemain de son décès.
Sur son compte twitter, le président de la République Macky Sall a aussi rendu hommage et loué les qualités de son ancienne collaboratrice : « Un commis de l’État d’une grande discrétion. »
Et quand votre passion de servir l’Etat prend le dessus sur tout comme chez Joséphine, vous en arrivez à oublier votre propre personne. « C’est cette grande dame, Chevalier dans l’Ordre national du Lion, Officier de l’Ordre de la Pléiade (APF) qui, au soir de sa vie, frappée par la maladie, a courageusement poursuivi ses missions au service de la République, en évitant scrupuleusement le moindre congé pour prendre soin d’elle-même… Elle est restée debout, malgré sa santé chancelante et n’a rendu les armes qu’à Dieu. Joséphine constitue un pan de l’histoire de l’Assemblée nationale. », a encore témoigné M. Niasse.
Dévouée à la tâche jusqu’à sa mort, Mme Diallo a su honorer la mission qui lui a été confiée à force d’efforts et d’abnégation, de travail sans relâche et de quête perpétuelle du juste milieu dans une institution caractérisée par les rivalités partisanes.
Intégrant l’hémicycle en 1978, elle puise ses savoirs et ressources dans les livres et documents qui garnissent la bibliothèque parlementaire, où s’entame sa carrière. Elle y amasse toute la richesse cognitive nécessaire au fonctionnement de l’institution et devient directrice des Services législatifs, Secrétaire générale adjointe, avant de se retrouver à la tête du Secrétariat général depuis 1996.