Dur, dur d’être femmes en période hivernale. Chassées par les eaux, certaines sont obligées de cesser toutes activités économiques ou de mettre la clé sous le paillasson.
Par LD
Au quartier Mango-gui, la nuit tombe apportant une petite fraicheur nocturne. À l’image des quartiers environnants, les rues sont inondées. Le coassement ininterrompu des grenouilles rend le sommeil des habitants presque impossible.
Dans ce quartier mal éclairé, les eaux chassent les femmes aussi de leurs lieux de travail. Amy Diakhaté, ne pouvant accéder à sa gargote, a dû fermer boutique. « Cela fait exactement deux mois que je reste à la maison sans rien faire. L’eau a entièrement pris d’assaut ma gargote, endommageant tables et bancs », se désole la jeune fille au teint clair.
C’est devenu « compliquée » pour la jeune maman aux cheveux drus, qui a épuisé ses épargnes avec la réfection de sa chambre inondée et le paiement de la location mensuelle de la gargote à 30 00 fcfa.
Seynabou Diokh aussi a plié bagage. Agée d’une cinquantaine d’années, Mère Seynabou vendeuse de « thiéré » (couscous) reste à la maison. Elle n’arrive plus à trouver un endroit « disponible, propre et sain ».
Portant une camisole bleue bouffante qui traine jusqu’au sol encore humide, son voile attaché au niveau de son cou famélique, pochette à la main, elle indique d’une voix nasillarde : « Les inondations nous impactent lourdement dans ce quartier. Les femmes en pâtissent le plus, car elles exercent leurs activités sur place. On y dénombre des vendeuses de poisson, de légumes, de fruits, de cacahuètes. Pour ma part, la vente de couscous me permet d’assurer la dépense quotidienne. Ce n’est plus possible ».
La porte aux maladies
Devant une autre maison mitoyenne à celle des Cissé, des sacs remplis de sable encerclent la porte. Pour accéder à la cour, la prudence est de mise pour échapper à une glissade. Les eaux stagnantes couvrent l’essentiel du patio, la fosse septique y compris. On y décèle déchets et débris : vêtements endommagés, chaussures usées, matelas, pots de chambre ou encore des ustensiles de cuisine. Dans les chambres, certaines fenêtres ne tiennent plus. La toiture en zinc été emportée en partie par les rafales de vent et les murs de la façade de la véranda se sont affaissés.
Ici, l’eau est aussi source de maladies. « J’ai souffert d’une diarrhée atroce après un souper à la viande pendant plus de trois semaines. À l’hôpital, le médecin a diagnostiqué un microbe lié à une cohabitation avec les eaux », raconte Bintou, assise à même le sol sur les décombres. « J’ai failli perdre la vie », poursuit-elle, la pelle entre les mains cassant des pierres qu’elle éparpille à l’entrée de sa chambre. « A cause des inondations, j’ai tout arrêté pour prendre soin de ma famille. Mon époux a contracté des boutons sur le corps depuis plus d’une semaine. La nuit, il n’arrive pas à dormir. Il passe toute la soirée à se gratter. Mon neveu asthmatique souffre aussi du paludisme avec la présence des moustiques », confie la cinquantenaire, inquiète pour leur santé.