Par DS
Fatoumata Bernadette Sonko vient de publier aux éditions L’Harmattan, son livre intitulé « Femmes sous silence au Sénégal – Une fabrique du patriarcat ». La journaliste et formatrice au Centre d’études des sciences et techniques de l’information, (Cesti) pose une réflexion sur la représentation de la femme dans les médias où elle est passée sous silence sur les chaines de radio, presque invisible sur les plateaux de télévisions et son actualité quasi inexistante dans les colonnes des journaux. A ce défaut d’exposition des femmes dans les médias, Dr Sonko ajoute une « socialisation différenciée combinée à une exclusion de l’histoire les effaçant de la mémoire collective et des dispositions juridiques défavorables ».
Face à ce constat, l’auteure va à la recherche des fondements de ce qui s’apparente à un « silence » médiatique des femmes dans la presse et à la radio introduits durant la colonisation et plus tard à la télévision.
En cherchant des réponses à sa question de départ, elle procède à une confrontation de plusieurs écoles théoriques et de postures endogènes pour mieux comprendre la trajectoire des femmes qui ont vécu de nombreuses influences externes tout en subissant ses mutations internes, tant sociologique, politique que juridique. L’analyse faite à partir de leurs vécus part du matriarcat des sociétés négro-africaines à l’alliance patriarcale entre l’administration coloniale et l’aristocratie locale.
En conséquence l’auteur pointe le patriarcat, qui définit la société sénégalaise pour expliquer ce silence sur la femme. Mais plusieurs facteurs sont entrés en jeu au cours de l’histoire. Il s’agit notamment de contingences historiques datant de l’époque de la colonisation, de contingences religieuse et culturelle. Elle relève également comme cause le contrat social liant les autorités politiques et religieuses depuis les années 1960 sur leur dos. L’analyse de Dr Sonko révèle également comme étant l’une des causes de ce « silence », les préjugés qui continuent à s’abreuver de l’inconscient collectif sénégalais.
Pour produire cet ouvrage, il a fallu à l’auteure de procéder à des recherches sur six années. En effet, Dr Sonko a, de 2014 à 2020, passé en revue les quotidiens nationaux : Le Soleil, Walfadjri et Sud quotidien, les chaines de radio : Radio Sénégal internationale (RSI), Sud FM et Radio Futurs Médias (RFM) et les chaines de télévision : TFM, RTS et 2STV. Elle a aussi procédé à des enquêtes auprès d’universitaires, de journalistes et de responsables de médias.
Docteure en sciences de l’information et de la communication, Fatoumata Bernadette Sonko enseigne au Cesti (Université Cheikh Anta Diop de Dakar). Elle donne en même temps des cours en Communication internationale à l’université du Québec à Chicoutimi (Uquac).
Auteure de plusieurs articles, ses recherches portent sur les femmes et médias, les violences basées sur le genre et l’histoire des femmes. Engagée dans la défense de leurs droits, elle a aussi fondé le site d’informations www.lescommeres.sn.