Eugénie Rokhaya Aw a vécu en pionnière jusqu’à son dernier souffle rendu à 70 ans. Femme d’engagement, elle a été de tous les combats au service de la communauté et des droits des femmes.
Par AMD
La première directrice du Centre d’études des sciences et techniques de la communication (Cesti), l’école de journalisme de l’université de Dakar (UCAD), fut également la première femme journaliste sénégalaise diplômée en communication. Un parcours qui l’a amenée à devenir la première secrétaire de l’Association des professionnelles africaines de la communication (Apac).
De même, jusqu’à sa mort, Eugénie Rokhaya Aw a consacré les dernières années de sa vie au Tribunal des pairs du Cored, le Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias, dont elle était la première présidente.
Mme Aw, comme l’appelaient affectueusement ses étudiants, a beaucoup donné au monde des médias et de la communication sans jamais compter. Le dimanche précédant son rappel à Dieu, elle était au front, avec ses consœurs et confrères de différentes générations, pour parler de journalisme encore et toujours, mais surtout pour plaider de meilleures conditions d’exercice des professionnelles.
D’une certaine manière, elle engageait une dernière fois la jeune génération à promouvoir le genre, la voie de la transformation sociale. Selon elle, «aucune société ne peut se développer sans les femmes ». Un postulat qui inspirait son action avec un petit parti pris assumé pour les plus vulnérables, celles qui n’ont pas toujours voix au chapitre.
Rien d’étonnant donc de la voir élevée au grade de commandeur dans l’Ordre national du Lion, à titre posthume, pour services rendus à la patrie à travers ses combats, dont le journalisme n’a finalement été qu’une porte d’entrée. Un métier qu’elle embrasse, dans les années 1970, en intégrant les rangs de Dakar Matin, l’ancêtre du quotidien Le Soleil. Des années pas toujours faciles pour cette militante de gauche et critique d’art qui ne partageait pas toujours les points de vue du Président Léopold Sédar Senghor.
Son engagement politique, inscrit dans la clandestinité, l’avait conduite en prison, des moments vécus « avec beaucoup de fierté », malgré la tristesse d’une fausse couche pendant ce séjour carcéral. Des événements qui l’ont davantage encouragée à exercer sa liberté de penser. « Ma parole est un droit que j’exercerai toujours à qui veut l’entendre. Mon action est aussi une partie de moi que j’exercerai toujours où que je sois et en tout temps », disait-elle.
La cause des femmes a finalement compté plus que tout pour Eugénie Rokhaya Aw qui a introduit l’enseignement du genre au Cesti. Une institution qu’elle a dirigée de 2005 à 2011. Une flamme qui continuera toujours à briller au service des femmes.
Merci à ERA