Difficile d’aborder une nouvelle année sans revenir sur la tragédie qui a bouleversé des dizaines de familles qui attendaient jovialement l’arrivée d’un nouveau membre. Toutefois, par un bref court-circuit fatal, tout s’écroula…
Par MF
La disparition, le 25 mai 2022, dans des conditions tragiques de 11 bébés à l’unité néonatale de l’hôpital de Tivaouane a secoué le Sénégal et dévoilé les maux d’un système de santé sclérosé. Le tocsin avait pourtant sonné. Un an auparavant, quatre nouveau-nés succombaient aussi atrocement, le 25 avril 2021, dans un incendie à Linguère. Des drames d’une négligence criminelle !
La parodie politico-judiciaire des autorités a laissé sceptique une bonne partie de l’opinion publique. Au moment où le personnel subalterne goûtait aux rigueurs carcérales, le principal responsable était promu.
Les failles ne peuvent, toutefois, être masquées. L’engagement politique des autorités contraste avec les réalités du terrain. En effet, le Plan national de développement sanitaire et social (PNDSS) de la période 2019-2028, conçu après trois cycles de planification stratégique, adopte comme vision « un Sénégal où tous les individus, tous les ménages et toutes les collectivités bénéficient d’un accès universel à des services de santé et d’action sociale de qualité sans aucune forme d’exclusion et où il leur est garanti un niveau de santé et de bien-être économiquement et socialement productif ».
Avisant sur le travail global régissant la santé maternelle, l’OMS relève qu’elle « prend en compte tous les aspects de la santé de la femme, de sa grossesse à l’accouchement jusqu’au postpartum ». Les données de l’Agence nationale de la statistique (ANSD), publiées en janvier 2022, montrent qu’environ 62% des structures fournissent tous les services de base. Les postes de santé avec 64 % en offrent plus fréquemment que les hôpitaux (19 %). Une irrégularité marque, cependant, la répartition des 1431 postes de santé et 40 établissements publics de santé (EPS), dont 11 EPS de niveau 3 localisés uniquement dans les régions de Dakar (10 structures) et Diourbel (une structure).
Ces disparités se reflètent également à travers les fonds alloués à ce secteur qui absorbent 10% du budget de l’État. Une bonne partie de la manne financière est affectée aux dépenses de personnel (26 %) contre 9 % pour le fonctionnement. Un budget fortement dépendant du financement extérieur qui recouvre 28 % des sommes attribuées aux investissements exécutés par l’État.
Et pourtant, selon un rapport publié par l’OMS en 2021, « alors que l’aide extérieure pour la santé par habitant a plus que doublé dans les pays à faible revenu entre 2000 et 2016, passant de 04 dollars à 10 dollars, les dépenses publiques pour la santé n’ont que peu augmenté (environ 03 dollars par habitant) et la part des dépenses publiques intérieures totales consacrées à la santé a diminué ».
Constants sont les faits. Partout, les dépenses publiques en santé ont augmenté. Dans nos pays, cette tendance à la hausse s’observe malgré l’écart croissant avec les États développés. Les fluctuations observées depuis quelques années dans les dépenses publiques, selon les analyses des données de l’OMS (les dépenses publiques s’établissaient à 9 dollars par habitant en 2016 contre 7 dollars en 2000 après avoir connu une baisse entre 2004 et 2015), renseignent sur les réelles priorités de nos États. Ce besoin collectif assumé et exprimé par toute la société n’a besoin que d’un engagement politique sincère. Sa réalisation ne sera plus un vœu pieux.