Le décès d’un bébé pendant la grossesse, durant l’accouchement ou au cours des premières semaines suivant la naissance, plonge les parents dans un chagrin intense. La perte d’un être cher, même s’il n’est pas connu, demeure une épreuve difficile, d’où l’importance de briser le silence qui l’entoure pour un meilleur accompagnement des familles.
Par MF
« Il y a rien de plus traumatisant après son accouchement que de rentrer à la maison sans son bébé dans les bras. Ce vide est incommensurable. Personne ne peut vous consoler surtout quand c’est votre premier bébé, surtout après l’avoir vu, tenu dans vos bras, entendu ses premiers cris. Le temps n’efface pas cette douleur », confie Adja qui a perdu son bébé, trois jours après sa naissance.
« Sans le soutien de mon époux et de mes proches, j’aurai perdu la raison », poursuit-elle. Dans les situations de deuil périnatal, l’accompagnement de l’entourage est vital pour permettre aux couples de surmonter cette épreuve. Parfois, le temps manque à certains pour se remettre, ce qui aboutit au divorce.
« Quelques jours avant la date prévue de mon accouchement, je ne sentais plus mon bébé. Je me suis rendue au poste de santé habituel pour une visite de routine, question de m’assurer que tout allait bien, même si j’étais déjà barrée sur la liste. J’ai insisté auprès de la sage-femme en service qui, après consultation, m’a demandé si ma maman ou ma sœur pourrait nous rejoindre dans une clinique de la place pour voir le gynécologue. J’ai appelé mon mari pour l’informer et une cousine plus proche. » Encore bouleversée rien qu’au souvenir des ces moments qui refusent de se faire oublier elle dit : « Je n’ai rien vu venir. J’étais en bonne santé, pas de douleur, aucun signe, rien d’anormal. Je croyais que j’allais faire une échographie sans plus et rentrer tranquillement chez moi en attendant l’heureux événement. »
En effet, cela faisait des mois que cette famille préparait l’arrivée de cet enfant dans le bonheur. « Vers 17h, le gynécologue nous explique que le bébé voulait sortir plutôt que prévu. Une césarienne est pratiquée, mais ce qui m’a frappé, c’est le silence du bébé. Le cri rituel n’a pas eu lieu », se rappelle la jeune maman. Elle poursuit : « En salle de réveil, j’en ai parlé à l’infirmière. Elle m’a répondu que ça arrive surtout quand le bébé est fatigué. (Mais) l’ambiance morose autour de moi et les pleurs de mon époux m’ont interpellé. Quand j’ai appris la triste nouvelle, le choc fut terrible. »
Encore qu’elle n’est pas au bout de ses peines « Le pire dans cette douloureuse expérience, furent les froides accusations de négligence portées à mon encontre par une partie de ma belle-famille. Tamsir s’étant noyé dans son chagrin, le deuil n’a pu être vécu ensemble. »
Le deuil périnatal reste un sujet très délicat, voire tabou pour beaucoup de femmes qui se culpabilisent et se posent des questions sur la perte de leurs enfants. Une période éprouvante pour les parents qui doivent vivre un véritable traumatisme, même avec l’accompagnement de la famille et des proches.