Considéré comme le cancer le plus fréquent chez les femmes, le cancer du sein est une tumeur bénigne qui fait des ravages au Sénégal. Environ 1.700 nouveaux cas sont recensés chaque année, des chiffres sous-estimés puisque le pays ne disposant pas de registre national. Entre un traitement long et coûteux et le défi de l’acceptation de son nouveau corps, par soi-même et son entourage proche, vivre avec un ou sans sein n’est pas chose aisée pour les malades qui ont subi une ablation mammaire.
Par AFB
À 29 ans, Khadija Ndiaye est une jeune femme qui croque la vie à pleines dents. Bien gâtée par la nature, la jeune dame, à la noirceur d’ébène, s’active dans le petit commerce, en banlieue de Dakar. Une activité qui demande beaucoup de souplesse et à laquelle s’adapte parfaitement la commerçante. C’est que la vie n’a pas toujours été tendre avec elle.
Elle découvre, à 24 ans, qu’elle a un cancer du sein. Pire, le diagnostic est tardif. Pas moyen de récupérer l’organe. Voilà que son sein gauche est amputé. Une étape difficile qui, encore aujourd’hui, l’empêche de mener une vie normale. La voix meurtrie Khadija confesse : « Ça fait mal au cœur parce que je suis encore jeune. Je n’ai ni mari ni enfant et voilà que je dois vivre avec un seul sein pour le reste de ma vie. Quand je suis devant le miroir, j’ai le cœur serré. Même pour m’habiller je suis obligée de mettre des habits en dessous comme un enfant. C’est dur. »
Ce n’est pas tout. Mademoiselle, l’aînée d’une fratrie de quatre enfants, a dû rompre ses fiançailles avec son amour, à seulement quelques semaines de ce qui devait être le plus beau jour de sa vie, son mariage. En effet, son ex-chéri s’est refusé à l’épouser lorsqu’elle lui a avoué avoir été amputée d’un sein, suite à la découverte du cancer. Aujourd’hui encore, Khadija vit avec ce sentiment de solitude, de rejet, mais reste tout de même confiante de rencontrer un jour, celui qui l’acceptera comme elle est.
L’ablation, une douleur continue
La mastectomie ou l’ablation mammaire est une chirurgie consistant à enlever tout le sein. C’est une étape qui survient après plusieurs séances de chimiothérapie. Des séances allant de 5 à 10 en fonction de l’état d’avancement de la tumeur. Rien que pour la chimiothérapie, il fallait débourser plus de 110.00Fcfa par séance. Depuis le 1er octobre 2019, la prise en charge de la chimiothérapie pour les cancers du sein et du col de l’utérus, est gratuite.
Avoir le cancer du sein puis être opérée n’est jamais facile pour les malades. D’abord pour des raisons esthétiques et culturelles. Selon la sociologue Fatou Ndiaye, « chez la femme, l’esthétique, c’est d’abord le sein, à la fois symbole de féminité, atout de séduction et surtout un attribut maternel ».
Les femmes amputées du sein doivent être systématiquement suivies par des spécialistes de la santé mentale. « Quand une femme se sent amputée de cet organe assez précieux, ça peut avoir un fort impact psychologique. Parce qu’on est amputé d’une partie de soi qui est très importante », explique Dr Sokhna Seck, psychiatre d’adulte et thérapeute familiale au Centre national hospitalier universitaire (Cnhu) de Fann,
Par ailleurs, l’amputation ne garantit pas l’élimination des cellules cancéreuses ; d’où la fréquence des récidives. Ainsi, les femmes opérées sont suivies sur une période de deux années par des oncologues pour s’assurer que la tumeur ne revienne pas.
Le dépistage précoce, seul gage de survie
L’autre équation persistante est le fort taux de décès. En octobre 2020, la Ligue sénégalaise de lutte contre le cancer (Lisca) indique un taux de mortalité de 80%. Des chiffres qui ne sont pas près de régresser avec les prévisions du Centre international de recherche sur le cancer (Cicr). Le Sénégal pourrait recenser 16.000 nouveaux cas et plus de 11.000 morts en 2030.
Pour le cancérologue de l’hôpital Aristide Le Dantec, Doudou Diouf, la prévention et la sensibilisation des femmes pour un dépistage précoce doivent être au cœur de la lutte contre le cancer. Il indique que « sur 100 malades qui se rendent à l’hôpital, les 34% arrivent déjà à des stades disséminés. Or quand le cancer du sein est découvert à un stade avancé, il n’y a quasiment aucune chance de guérison. Ces malades diagnostiquées tardivement, même opérées, vont mourir dans les 5 années suivant l’intervention chirurgicale ».
Belle initiative sincèrement le contenu est diversifiè et riche .
Bravo à scommences.sn pour le partage , merci encore pour la valorisation des femmes.