Selon ONU Femmes, l’investissement dans l’autonomisation économique des femmes est « la voie la plus sûre » vers l’égalité des sexes, l’éradication de la pauvreté et une croissance économique inclusive.
Par OD
Aujourd’hui, « 435 millions de pauvres » recensés dans le monde sont des femmes, avec une grande majorité se trouvant en Afrique subsaharienne. Au Sénégal, elles sont nombreuses à être encore enchaînées dans des inégalités traditionnelles. Elles accomplissent des « travaux domestiques non rémunérés » de plusieurs heures quotidiennes alors que leur autonomisation socio-économique aurait été un moyen « efficace » pour lutter contre la pauvreté qui sévit en Afrique de l’ouest.
Ce constat a été fait par le directeur exécutif du Consortium pour la recherche économique et sociale (Cres), Pr Abdoulaye Diagne, hôte d’un colloque international sur l’autonomisation économique des femmes en Afrique de l’ouest. Cette manifestation a été organisée les 26 et 27 octobre à Dakar, en présence de plusieurs experts et personnalités qui œuvrent pour l’émancipation économique des femmes. « La discrimination des femmes est économiquement inefficace », a indiqué Pr Diagne, dénonçant la « discrimination sexiste » dont elles sont souvent victimes dans la société. Ces traitements vont de la « répartition disproportionnée des ressources dans les ménages » aux difficiles conditions d’insertion socio-professionnelle après leurs études.
Pourtant, « travailler avec les femmes relève du bon sens des affaires. C’est une voie efficace à l’économie durable », note le directeur exécutif du Cres. En effet, lorsqu’elles sont « économiquement autonomes », les femmes réinvestissent leurs gains pour soutenir leur ménage ou pour l’épanouissement de leurs proches et parents, souligne-t-il.
Investir sur les femmes pour développer l’Afrique
Au plan du PIB et du PNB, leur autonomisation « contribuerait » également « à la croissance économique de 2 à 3 % » d’un pays, souligne Ngoné Diop, directrice du bureau ouest-africain de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA). C’est pourquoi il est « impératif » de soutenir les femmes, un combat qui relève par ailleurs des « droits humains », d’après elle. « Omniprésentes » dans presque tous les secteurs d’activités, elles sont plusieurs à souffrir d’un déficit de valorisation et d’une absence de rémunération « à leur juste valeur », contrairement aux hommes, déplore-t-elle.
En revanche, elle précise qu’autonomiser les femmes ne consiste pas simplement à les réduire dans des activités « microéconomiques » comme c’est le cas dans certains projets en soutien aux organisations ou groupements féminins. Il s’agira maintenant, au point de vue gouvernemental, de « mettre en œuvre des politiques efficaces » pour que les femmes puissent saisir les « opportunités » macroéconomiques, comme dans le cadre du projet de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), a préconisé Mme Diop.
En outre, le secrétaire général du ministère de la Femme, de la Famille et de la Protection des enfants, Mame Ngor Diouf, a pris le parti de son pays, indiquant que le Sénégal est « attaché » aux droits humains et à la lutte contre les « injustices sociales » pouvant toucher les femmes. « Notre pays dispose aujourd’hui d’un cadre protecteur en faveur des femmes aussi bien au plan juridique qu’institutionnel et politique » surtout, a-t-il rappelé.
En effet, plus de 44 % des députés de la 14e législature élue en juillet dernier sont des femmes. Cependant, certains estiment que le Sénégal peut mieux faire pour autonomiser les femmes en vue de son émergence ou son développement socio-économique. Parce que, comme le relève ONU Femmes, « les femmes apportent une contribution énorme à l’économie, que ce soit au sein des entreprises, dans les exploitations agricoles, comme entrepreneuses ou employées, ou par leur travail non rémunéré à la maison, où elles s’occupent de leurs familles ».