Elles sont plus d’une dizaine de filles et de femmes assassinées depuis le début de l’année 2022. Les meurtres de filles ou de femme en raison de leur sexe se sont banalisés. Et, le silence assourdissant des autorités alimente l’impunité de ces violences contre les femmes.
Par AMD
La violence est partout. Elle est devenue ordinaire, voire invisible. Et, les femmes ne sont en sécurité nulle part, même leur foyer ne constitue plus un bouclier encore moins l’État. Sinon comment expliquer qu’une femme soit abattue d’une balle dans la tête, par son époux, pour avoir demandé le divorce et une autre agressée à coups de couteaux, sans oublier celle tuée à coup de pilon ou encore la tentative de meurtre d’une épouse réticente à rejoindre le domicile conjugal ? Des crimes de plus en plus violents et souvent classés sans suite. L’impunité et la misogynie règnent en maître. Un mari donne près d’une vingtaine de coups de couteau à sa femme, sortie sans autorisation.
Cette violence sexospécifique déborde du cadre conjugal. Au centre du pays, les corps de deux jeunes filles, de moins de vingt ans, ont été retrouvées. Elles avaient subi des violences sexuelles avant d’être sauvagement tuées et abandonnées.
Au mois de juillet, une autre fille a été découverte, à Touba, dans un fût d’eau. Elle y a été jetée par son ex-copain après l’avoir engrossée. Pour les mêmes raisons, une étudiante a subi le même sort macabre à Saint-Louis. Et que dire des formes de maltraitance physique, psychologique et économique subies par les femmes et les filles? Une adolescente de 15 ans, violée par un homme de cinquante ans, tombe enceinte. L’avortement est interdit.
Face à ces « cas extrêmes de violences contre les femmes et les filles aussi bien dans l’espace public que privé », le Collectif des féministes a interpellé, par voie épistolaire, le président de la République Macky Sall pour exiger la protection de « l’intégrité physique et morale des femmes et filles du Sénégal ». Rendre aux femmes la sacralité de leur vie est un pas dans la reconnaissance de leur existence.