Françoise est une Belge de 73 ans. Elle est revenue au Sénégal, à la recherche de la mère de son fils. Un jeune homme de 31 ans qui aimerait savoir pourquoi, il a été abandonné en 1992 par une maman qui, pourtant, a bien pris soin de lui pendant quelques semaines.
Par AMD
C’est l’histoire d’une maman à la recherche de la mère de son fils. Elle est en train de vivre un moment tant redouté : répondre à la curiosité de son fils adoptif, sur ses origines. Son fils qu’elle considère comme « une offrande inattendue », veut aujourd’hui savoir qui est sa génitrice et pourquoi il a été abandonné bien des semaines après sa naissance. « Quand on l’a retrouvé, il était au moins âgé de deux semaines. Il était un beau bébé, bien portant et très bien entretenu » raconte Françoise qui cherche les réponses autant que son fils nommé Gilles K.
Elle est persuadée que Ndèye la mère biologique de Gilles, a aimé son fils ; et qu’elle a dû l’abandonner faute d’autres choix, car aucune femme ne se sépare définitivement de son enfant « sans souffrance ». Raison pour laquelle elle l’a abandonné dans un « état propre et bien habillé ».
Les informations dont elle dispose sont plus source de questionnements. Alors elle a choisi de raconter son histoire dans un livre qu’elle considère comme une « bouteille à la mer » dans l’espoir de retrouver « Ndèye ». A cette inconnue, elle pose deux questions : « Qui es-tu ? Où es-tu ? ». Françoise, autant que son fils, ont besoin de réponses « non pas pour juger » Ndèye mais pour permettre à son Gilles d’avoir un éclairage sur les événements qui ont justifié son abandon, rétablir un cordon ombilical au besoin. Même si cela doit se faire dans l’anonymat car pour cette maman de 73 ans, Ndèye qui a porté une grossesse, vécu l’accouchement et pris soin de son enfant pendant, au moins quelques semaines « doit penser à lui tous les jours ».
Dans ce livre d’une soixantaine de pages, elle partage sa « grossesse », « l’accouchement » qui trente années après ne signifient pas « délivrance » ni pour elle, ni pour son fils. Elle y partage aussi des moments de bonheur de l’enfance et l’adolescence de son fils, entre Dakar et Bruxelles. Sa seule certitude est que l’abandon de ce garçon est « un acte d’amour absolu et une souffrance indicible » pour la maman biologique.
En effet, on lui a raconté qu’un « jour de janvier 1992, un jeune instituteur (…) se souvient avoir vu une très jeune femme portant un bébé au dos, l’avoir fait descendre de derrière elle et l’avoir recueilli au creux de ses mains devant elle et l’avoir regardé attentivement longuement ». Et voilà plus tard dans la journée, les cris d’un enfant ont perturbé la suite de son cours. On découvre Gilles, abandonné. Il sera ensuite confié à la pouponnière de Médina (Dakar) et finira par devenir le garçon d’une dame belge qui cherchait à adopter un enfant.
Aujourd’hui Françoise est revenue au Sénégal, décidée de retrouver une parfaite inconnue qui fait son bonheur depuis plus de trente et un an. Elle a édité son livre pour lequel elle souhaite une large diffusion pour maximiser ses chances de retrouvailles.
Toutefois elle ne manque pas de faire le procès du père car c’est souvent les mamans qui trinquent alors qu’il faut être deux pour faire un enfant. « Si enfant il y a, c’est aussi parce que père il y a ou il y a eu ». D’où cette diatribe : « Père présent, père absent, père aimant, père maltraitant, père en bonne santé, père accueillant l’enfant ou se défilant et laissant la charge de la survie à la mère seule, père volontaire ou passif, voire lâche… »