Par MF
Le 8 mars, le monde célèbre la femme. Un défi pourtant quotidien… Par ce rituel, les Nations unies définissent en fonction des contingences sociales, culturelles, politiques et économiques, une thématique que magnifient les différents États membres. À l’ère du numérique, les discours plaident cette année « pour un monde digital inclusif : innovation et technologies pour l’égalité des sexes ».
Plongées depuis plusieurs années dans un nouveau paradigme, celui du monde numérique, les différentes sociétés surfent inévitablement et de façon inégale dans cette nouvelle galaxie qui n’est que la continuité d’un modernisme en quête de renouvellement. Ce monde digital passe par l’accès des populations aux outils de communication, principalement l’Internet. Les surfeurs du continent, les femmes en particulier, se perdent toutefois dans les dédales de cet environnement. Selon les données d’Internet Society, le continent africain, à la traine, a, en 2021, un taux de pénétration de seulement 43% de l’Internet. Plus de 840 millions de personnes n’y bénéficient pas d’un « accès fiable et abordable » de ce canal de communication.
Aussi, au-delà du cérémoniel, la journée va-t-elle se magnifier virtuellement avec un impact au quotidien difficilement quantifiable. L’information, quelle que soit sa nature, continuera à garder sa portée idéologique qui imprègne aussi le canal. Le monde mue inévitablement vers de nouvelles dimensions sous-tendues par une vision fortement consumériste et mercantile. Elles sont loin des terroirs ruraux et s’intègrent difficilement à leurs valeurs.
Pour la femme rurale, ses conditions d’existence, son statut demeurent statiques. Ses droits sont encore confisqués par un système légitimant sa subordination que ne légalise aucune religion. Le digital ne peut s’arrimer à ces mythes et tabous qu’elles vivent au quotidien. L’accès à une connaissance encore bâtie sur des curricula masculins y contribue davantage. Dans le monde rural au Sénégal, l’effectif des pauvres est passé de 4 537 105 personnes en 2011 à 4 548 863 personnes en 2019, soit une hausse de 11 758 individus, selon le Rapport final de l’Enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages au Sénégal publié en septembre 2021. Les mêmes données montrent que 75,4% des pauvres vivent dans le monde rural.
Les femmes, particulièrement en milieu rural, méritent une prise en charge plus accrue, adaptée et soutenue par ses valeurs endogènes. Le quotidien les confine encore dans l’espace domestique. Des initiatives sont certes prises pour favoriser un meilleur accès des femmes aux ressources. Elles demeurent toutefois parcellaires et limitées. Leur forte connotation politique contribue à les rendre inéquitables. Et pourtant, selon les données de l’Ansd : « Les ménages dirigés par des femmes sont moins pauvres que ceux dirigés par des hommes. En effet, deux personnes sur dix (21,8%) vivant dans des ménages dirigés par une femme sont pauvres contre un peu plus de quatre sur dix (42,7%) sous l’autorité d’un homme. »
L’engagement ne doit pas être seulement politique ou rhétorique. Il se mesure sur le terrain et dépasse les tribunes et espaces sacralisés. L’inclusion ne passe pas seulement par le digital et ses territoires virtuels. Elle se conçoit et se vit au quotidien.